Este artigo pertence ao conteúdo
do portal Doutrina Positivista
DE LA
STABILITÉ
DE
L'ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
Pierre Laffitte La Revue Occidentale 1892 tom 6, No 4 , pp35 à 74 Paris France
ORDRE ET PROGRÉS
Le travail que je publie aujourdhui contient, avec de nouveaux développements, la plus grande partie du discours que jai prononcé à Paris (10, rue Monsieur-le-Prince), dans la réunion positiviste du 5 septembre 1867, commémorative de la mort dAuguste Comte (1).
Il a pour but dappeler lattention du public sur la nécessité, tant au point de vue social quau point de vue industriel, de la conservation et de la stabilité dans les phénomènes économiques.
Linsuffisance de léconomie politique pour diriger lordre industriel, les dangers croissants de cette doctrine absolue sont si évidents, quil était vraiment urgent dappliquer la science sociale à une appréciation plus convenable de lactivité industrielle, pour fournir à cette activité une meilleure direction. La science sociale ne peut être, en effet, un simple jeu académique : elle doit éclairer la pratique et montrer par là sa principale efficacité ; outre que ses applications sont la meilleure vérification des conceptions de la science abstraite, vérification qui sert à. son tour à modifier des vues trop imparfaites.
Je sais combien je dois choquer les préjugés régnants et triomphants en appelant aujourdhui une attention prépondérante sur limportance de la stabilité dans lordre économique;
(1 ) Voir la Politique positiue do Semerie 1872. mais, à cet égard, la science ne doit avoir que puni de condescendance pour les préjugés.Elle a pour but cie voir et dex primer la réalité des choses, et elle doit diriger lopinion et non être dirigée par elle. Cest aux hommes dEtat à tenir compte des opinions régnantes, en tant que ces opinions constituent ellèctivement un fait social que la pratique ne doit pas dédaigner, maïs prendre au contraire en sérieuse considération. Il ne doit pas en être de méme des philosophes, ils doivent voir les choses telles quolles sont et les dire telles quils les voient, en mettant seulement, dans lexpression de leurs pensées, une indulgente modération qui sallie du reste très bien avec une inébranlable fermeté.
La science sociale, établie enfin par Auguste Comte sur des bases positives, permet désormais de sélever à une appréciation des faits et ries Lois (le Yordre industriel plus réelle et plus complète que celle accomplie par léconomie politique. Celte dernière doctrine na pu avoirt1uune valeur transitoire, désormais tout à fait (puisée; Car les principes si bien établis par les Quesnay, les Hume, les Turgot, les Smith, ne pou-valent constituer quun trayait admirable, du reste, mais purement préparatoire, attendu quune telle appréciation de lordre industriel lisolait ïrrationnellement de tons les autres phénomènes sociaux, qui lui sont si intimement connexes.
Puissent ces démonstrations et cas conceptions nouvelles agir sut les esprits rélléchis et convenablement préparés àlétude de telles questions ! Cest ainsi que pourra se former enfin une nouvelle impulsion mentale qui calme lagitation maladive de lindustrie orcidenl,ale et lui substitue graduellement un mouvement lentement progressif dans lequel le pro-grés sera toujours subordonné à lordre. Par lit pourront être évitées, au milieu, néanmoins, dun fécond développement, ces perturbations incessantes si profondément désastreuses pour la situation matérielle, surtout des masses laborieuses, et dont la réaction morale est chaque jour plus fâcheuse.
En somme, le résultat définitif de notre travail sera détablir sur des hases scientifiques inébranlables de nouvelles règles morale sociale .
Toute grande rénovation religieuse a toujours été caractérisée, dans lévolution du notre espèce, par létablissement de nouveaux devoirs. Le Positivisme la plus complète et la seule définitive des grandes construtions religieuses, néchappe point à une telle loi, et satisfait au contraire avec plus de plénitude quaucune des reltaions préparatoires. Nous voyons, par ce simple énoncé, combien est grande lerreur de ceux qui pensent que létat normal de notre espèce doit consister àdonner aux hommes des moyens, de plus en plus puissants, duser et dabuser, en les dégageant de plus en plus de tout frein et de toute régle. Dans cette manière de concervoir létat social, chacun de nous serait limité, dans lindépendance de ses manifestations, non point par son volontaire assujettissement à des règles morales démontrees, mais seulement par les intèréts froissés des autres hommes. Si de telles doctrines pouvaient prévaloir, elles amèneraient la dégradation de notre espèce. Maïs, heureusement, il nen est pas ainsi, et méme, si nous voulons saisir ce qui, dans ces doctrines perturbatrices, a pu séduire des âmes intelligentes, nous constaterons que cela tient au sentiment mal analysé de la nécessité déliminer graduellement. sans y arriver jamais complètement, lintervention de la. force purement matérielle dans laccomplissement de nos diverses fonctions. Le Positivisme satisfait aux diverses conditions du problème en proclamant, dun côté, lassujettissement de chacun de nons à des devoirs de plus en plus étendus, mais en démontrant aussi, dun autre côté, que leur accomplissement doit devenir de plus en plus volontaire, de manière à concilier ainsi la subordination avec la dignité en dautres termes, cela revient à dire que nous serons de moins en moins gouvernés, à mesure que nous gouvernerons de plus en plus nous-mêmes. Cest là un type idéal que nos chevaleresques ancètres ont pressenti; nous acceptons leur programme et nous pourrons le réaliser, grâce à une doctrine plus réelle que la leur, et à une situation plus favorable.
Mais si la conclusion de notre travail doit consister à formuler les nouveaux devoirs que le Positivisme vient de faire enfin pénétrer dans lordre industriel, il est convenable, par suite, dinsister un peu, dans cette introduction, sur la vraie théorie scientifique du devoir.
La théorie générale du devoir a été jusquici à peine entrevue par les doctrines théologico-métaphysiques. La philosophie, devenue positive ou scientifique, peut enfin aborder ce grand sujet et en construire une théorie vraiment positive. Et dabord, quest-ce que le devoir ?
Le devoi, est lexpression formulée des conditions de notre concours à lexistence dun titre collectif (Famille, Patrie, Humanité). Cette définition nest rien autre chose, suivant le caractère des vraies définitions scientifiques, que lexpression systématique de lidée que le bon sens universel a de tout temps attachée à lidée du mot devoir. Cest là un fait expérimental et universel de notre nature. La science, qui est le prolongement du bon sens universel, a pour but danalyser et de coordonner ce grand fait, cette grande notion, afin den accepter ce qui est nécessaire et den modifier ou perfectionner ce qui est modifiable.
Le devoir constitue-t-il une fonction simple et élémentaire du coeur ou de lesprit, irréductible en dautres éléments, ou bien est-il une fonction composée résultant du concours habituel dautres fonctions simples
Cette haute question, une des bases de la systématisation de la morale, a donné lieu à diverses solutions, mais qui se ressemblent en ce sens quelles font du devoir une fonction simple. Pour les uns le devoir se ramène aux sentiments sympathiques; pour dautres elle est une vue de lesprit; et, enfin, Kant en fait une fonction simple, sui generïs.
Mais ces solutions, quelle que soit léminente valeur des divers apercus qui les motivent, ne sont point conformes àune saine analyse scientifique. Le devoir est une fonction composa du cerveau résultant du concours de fonctions simples, qui donnent ainsi lieu à une résultante ou force unique.
Le devoir résulte, en effet, du concours des sentiments sympathiques qui nous inspirent le dévouement à dautres êtres, surtout collectifs, et de lintelligence qui détermine les conditions de ce concours. De cette combinaison constante dun penchant et dune opinion résulte bientôt chez lhommet; le sentiment du devoir proprement dit, ou la disposition àconformer notre conduite aux conditions nécessaires des existences collectives auxquelles nous sommes attachés. La conscience, à chaque époque, est pour un homme lensemble des dispositions habituelles à laccomplissement des divers devoirs, et le remords nest rien autre chose que lémotion pénible qui résulte de la non-satisfaction de chacune de ces dispositions distinctes. Car il y a autant de remords distincts quil y a de devoirs élémentaires. Il résulte de là que la notion de devoir nest pas absolue, mais variable, sans être arbitraire. Elle se développe graduellement avec la marche de lHumanité, comme lhistoire le constate dune manière éclatante, ce qui vérifie, dun autre côté, la nature composée de la notion du devoir. Car si cétait on sentiment ou penchant simple de notre nature, il ne pourrait ètre modifié que dans son intensité, non dans sa nature.
On comprend dès lors que les devoirs augmentent en nombre et se précisent davantage avec lévolution de lHumanité. Cela tient à la nature même de lévolution sociale, où les rapports augmentent à mesure que lévolution sétend et par suite se complique. Si les devoirs naugmentaient pas en nombre et en précision avec lextension de lévolution humaine, la société deviendrait contradictoire et se dissoudrait.
Dun antre côté on peut dire aussi que les devoirs dans chaque société deviennent, pour un individu, dautant plus précis et plus nombreux que cet individu occupe une position plus élevée dans la hiérarchie des fonctions sociales. Lexamen de toutes les sociétés en offre une preuve évidente, et la théocratie hindoue nous en montre un exemple caractéristique en faisant du paria lhomme qui na pas de devoirs,
La grandeur de la civilisation humaine, ce qui la différenciée de plus en plus de lexistence animale, a consisté précisément à assujettir à des devoirs, ou obligations de plus en plus précises, nos diverses fonctions même personnelles le principe de ces obligations résultant de ce que les divers modes daccomplissement des fonctions personnelles ont des conséquences qui ne sont nullement indifférentes aux autres hommes. Cest ainsi que la nutrition, linstinct sexuel, etc.ont été assujettis, et doivent létre de plus en plus, à des obligations distinctes.
Ces diverses obligations, passant it létat dhabitude, constituent Ies préjugés ; le mouvemente de la civilisation doit établir un nombre croissant de préjugés. Plus un être occupe une place basse dans la hiérarchie des êtres civilisés, et plus le nombre de ses préjugés est faible. Le sauvage nen a guère, et lanimai pas du toot; Ces préjugés, bien entendu, devant toujours étre susceptibles de démonstration.
Lanarchie actuelle de lOccident ne doit pas nous faire illusion à ce sujet. Le Positivisme, continuant la grande tradition, manifestera son avènement cn proclamant de nouveaux devoIrs.
Le grand caractère lu Positivisme, it ce sujet, est dassujettir pour la première lois, dune manière systématique, lindustrie à un ensemble de devoirs moraux et sociaux. Non point que jusquici ce mode dactivité en ait été. complètement dépourvu, mais ie règlement moral de lindustrie était purement indirect, sans direction systématique et régulière, même dans le régime théocratique proprement dit. Le catholicisme même, qui est létat te plus systématique du tliéologisme, na pu aborder la morale sociale proprement dite, si ce nest par de vagues conseils de charité. Mais lévolution donne à industrie un caractère à la fois civique et moral : tel est le grand but que le Positivisme veut atteindre. Formuler les devoirs qui résultent de cette grande transformation dans la conception de la vie industrielle, telle sera la conclusion principale de notre travail,
PREMIER PARTIE
1.-- Vue générale de la situation économique actuelle de lOccident.
LOccident marche, avec une rapidité croissante et une fébrile excitation, vers une prépondérance absolue de lactivité industrielle. Mais ce régime nouveau se substitue au régime antique, sans direction, sans coordination quelconque. Il en résulte que le développement continu de cet industrialisme sans frein amène dinévitables excès qui menacent daltérer profondément lorganisme social et damener finalement, dans le type humain, une réelle dégradation mentale et morale, qui bientôt mème compromettrait ces progrès matériels dont nous sommes si exclusivement et si aveuglément fiers.
Lactivité guerrière est spontanément sociale, comme lesprit théologique est spontanément général : car toute guerre exige nécessairemeiit un concours, dont les conditions sont facilement appréciables pour tout le monde ; attendu que chacun se rend immédiatement raison des dangers personnels et collectifs que présente une violation, même passagere, dun tel concours, Aussi est-ce surtout la guerre qui a fondé les cités et la patrie, qui a construit, enfin, la vie sociale caractérisée par la solidarité des contemporains, et surtout par la continuité des générations aussi, la guerre était lapanage exclusif des hommes libres. Elle a fait des citoyens.
Lindustrie, au contraire, personnelle au début, et nécessairement analytique, na pas pu prendre encore un caractère à la fois synthétique ci. social, Inalgrè la longue évolution déjà accomplie. Ce nest que de nos jours que le Positivisme a pu enfin concevoir la systématisation industrielle, en y introduisant le point de vue social qui lui a été jusu' ici étranger et cette grande transformation dans le caractère de lactivité pratique, constitue une des plus profondes évolutions que puisse accomplir notre espècie.
Ainsi, le caractère primitivement servile de lindustrie se conserve de nos jours dune manière évidente, et avec dimmenses dangers actuels. Ce caractère napparait que trop chez les plus puissants industriels comme chez les plus modestes prolétaires, sauf déminentes mais bien peu nombreuses exceptions. Nous voyons, en effet, les possesseurs dimmenses capitaux admettre, couramment et systématiquement, à la manière des esclaves antiques, que le travail industriel na quun but purement personnel. Emanés lune classe primitivement servile, ils repoussent même vivement toute tentative de donner à la richesse un caractère social et civique. De pareils sentiments rendent cette classe habituellement aussi incapable quindigne de participer au gouvernement général, si ce nest dune manière subalterne. Et en fait, outre quelques représentants des anciennes classes aristocratiques, le gouvernement appartient essentiellement à cette partie de la bourgeoisie adonnée aux professions justement qualifiées de libérales.
On doit donc considérer la tentative saint-simonienne de donner le pouvoir aux industriels non régénérés, comme une théorie dangereuse et dégradante. Car sï elle pouvait se réaliser, elle confierait la direction à des hommes vraiment indignes, puisquils gouverneraient avant davoir été préalablement élevés du rang desclaves à celui de citoyens, avant davoir pris les moeurs et les habitudes convenables aux fonctions supérieures.
Le danger dune telle théorie était dautant plus grand quelle contenait intrinsèquement une part considérable de vérité, en annonçant la prépondérance finale du régime industriel. Elle a, par ces diverses raisons, considérablement contribué à rendre plus désastreuse la situation actuelle.
La libération totale des travailleurs pendant le moyeu âge, libération qui a été la condition fondamentale de tous les progrès spéciaux de lindustrie, a donc produit la situation actuelle où tous les éléments de lordre nouveau sont préparés, mais ne sont nullement systématisés. Cest cette systématisation que le Positivisme vient leur apporter.
Dès le XVIII siècle, la prépondérance industrielle était assez grande pour attirer, sur cet ordre de phénomènes, lattention des esprits philosophiques; dun autre côté, lévolution scientifique était assez avancée pour quou pût au moins tenter débaucher, sur ce sujet, une théorie vraiment positive. Cette situation donna lieu à une série de travaux théoriques qui accomplirent une analyse scientifique des phénomènes industriels, Cette appréciation scientifique, fort remarquable, quoique très insuffisante, fut due aux méditations de Quesnay, de Turgot, de Hume, dAdam Smith, et elle a reçu plus tard, sous le nom déconomie politique, une très vicieuse consolidation. Car elle a été finalement constituée dans un isolement irrationnel de la science sociale, dont elle ne doit être quun chapitre. Cultivée depuis par des esprits plus littéraires que scientifiques et non assujettis à une convenable préparation, elle sert trop aujourdhui à justifier le maintien indéfini lanarchie économique. La science sociale positive et complète peut et doit enfin donner, à de tels travaux, une impulsion féconde à la fois théorique et pratique ; car nous ne perfectionnons la théorie quafin de mieux éclairer la plus haute pratique sociale, où se troilve, dailleurs, la plus convenable vérification expérimentale des méditations purement scientifiques. Mais, avant daller plus loin, je dois résumer philosophiquement les résultats de cette élaboration des grands penseurs du XVIII siècle, car je pourrai ainsi définir scientifiquement la situation à ce sujet, de manière à en constater les nécessités, et à en déduire un ensemble de devoirs qui, librement et graduellement adoptés, puissent remédier aux inconvénients actuels, et préparer un ordre plus normal.
Il. De la division du travail.
En considérant lensemble de la vie industrielle, on a bientôt vu quelle reposait essentiellement sur la division du travail, cest-à-dire sur la décomposition du travail industriel en fonctions vraiment distinctes et accomplies par des personnes différentes. Ce principe nest, du reste, qu un cas particulier du principe général entrevu par Aristote et constitué par Auguste Comte, qui en a fait une des bases de la statique sociale (1).
A, Smith a surtout insisté sur cette considération, implicitement admise par ses prédécesseurs Hume et Turgot, qui étaient, du reste, des penseurs dun ordre plus élevé, On a longuement
(1) Lincomparable Aristote découvrit en effet le caractère essentiel de toute organisation collective, quand il la fit consister dans ta séparation des offices et la combinaison des efforts. On conçoit à peine que les économistes modernes aient osé sattribuer cette lumineuse conception, quand leur empirisme métaphisique la rèduisit à une simple décomposition industrielle que le prince des philosophes avait dédaignée. Dans son état initial, elle eut réellement toute létendue quexigeait son usage systématique. Mais elle ne pouvait suffisamment fonder la vraie théorie de lordre que quand lensemble de lévolution humaine aurait assez indiqué la nature et le classement des principales forces sociales. Cette condition nécessaire étant ici remplie, le génie dlAristote ma douc préparé la base normale dune telle construction. « Auguste Comte, Politique Positive, tome Il, p. 281
.disserté sur un tel sujet, méme dune manière souvent purement littéraire et déclamatoire, en montrant à satiete lutilité industrielle de la division du travail, sans incister sur ses inconvénients désormais si graves. Car par cette division exagérée et sans contrepoids, on forme dhabiles producteurs, mais en cessant de faire des hommes. Néanmoins, une telle analyse scientifique, quelque imparfaite quelle soit, et méme quelque dangereuse quelle soit devenue par son irrationnel isolement, était strictement nécessaire. Aussi, nul esprit réfléchi ne peut maintenant refuser dadmettre ce théorème la vie industrielle tout entière est fondée sur la division du travail ou sur la décomposition en fonctions économiques, exécutées par des agents distincts.
Cette décomposition sest graduellement étendue et consolidée, et a donné lieu, dans tous les pays, à des fonctions diverses, et qui sont, les unes par rapport aux autres, dans des relations necessaires. La consiileration des relations des diverses fonctions economiques entre elles est un complément logique du principe de la division du travail. Mais avant même que ce théorème fût suffisamment analysé par Smith, il avait été implicitement admis par le grand Hume (1), et avait fourni à celui-ci la découverte dun principe capital, logiquement subordonné au premier,
Ce principe, que lon doit désigner sous le nom de théorème de Hume, consiste au fond en ceci :
« Les industriels se divisent néssairemnent en agriculteurs et manufacturiers. Les premiers constituent la base nécessaire de tout lordre économique, en fournissant les aliments et les matières premières, que les autres transforment et transportent ".
<1 » Discours Politiques, traduits de anglais, 1754 . Di scours premier Du commerce .Cette décomposition binaire de la hiérarchie industrielle conduit ensuite Hume à ce principe :
« Toutes les classes sociales vivent de lexcès de la production des classes agricoles sur leur consommation. Cest cet excès qui permet lexistence dles autres fonctions economiques, et de toutes les antres fonctions sociales quelconques. Cest dle la quotité de cet excés que dépendent la vie sociale tout entière et tous les progrès de la civilisation. Car cet excès seul permet lexistence des classes théoriques, source de toute évolution, Cette conception a été entrevue aussi et développée par les physiocrates, et les a conduits aussi à une décomposition binaire de la hiérarchie industrielle, mais sous une forme moins satisfaisante que dans la décomposition due à Hume, Ils décomposaient, en effet, la hiérarchie sociale en agriculteurs et salariés; les salariés, contenant toutes les fonctions, depuis les rois jusquaux cordonniers, conçus les uns et les autres, comme ,avés et nourris par la classe agricole, seule vraiment productive
.Hume ne formule point le principe avec la précision sctentiflque que
nous pouvons désormais y introduire, mais il résuite très nettement, pour tout esprit
philosophique, de as pénétrante analyse. Du reste, Hume a apprécié la réaction si
utile et si capitale dle la classe manufacturière (manufactu-
rïers, commerçants et banquiers) sur la classe agricole prorement dite, based de tout le
reste, cette action et cette réaction des deux gran éléments de la hiérarchie
industrielle constituant lordre économique.
Néanmoins, outre une trop imparfaite formumulation, que nous complétons aujourdhui, Hume na pas suffisamment décomposé ensuite la classe manufacturière en ses trois éléments manufacturiers, commerçants, banquiers. Mais ce profond génie sentait mieux que les grands penseurs, ses contemporains, limpossibilité, dune vraie théorie positive de la vie industrielle, dont il comprenait trop, quoique confusément, la relation nécessaire avec la fondation de la science sociale. Aussi sest-il sagement borné à des essais, mais où éclate la pénétration de cette haute intelligence. On peut, dans un autre genre, le compareri à Diderot :
« lun et lautre comprenant très bien que la fondation de la sociologie et de la morale était prématurée, et quil fallait se borner à des essais préparatoires (1).(
1) Auguste Comte le premier a donné une conception positive de lensemble de la vie économique en concevant que les diverses fonctions distinctes de lordre industriel Agriculture, Manufacture, Commerce, Banque,, se coordonnent en une hiérarchie naturelle, et que la dependance spontanée de ces diverses fonctions les unes par rapport aux autres est réglée par le principe de tout classement positif. De plus, il a rigoureusement démontré que chacune do ces fonctions industrielles distinctes présentait nécessairement la décomposition cii entrepreneurs et traxailleurs. Pour la première fois enfin lordre industriel a pu étre conçu dans son ensemble sans être séparé ni isolé de la vie sociale tout entière. Ainsi sest fondée une vraie science sociale propre à diriger la pratique, et dont la fécondité croissante contrastera avec linsufflsance de la prétendue science de lècommonlie politique qui, à cause de son irrationnel isolement et de sa culture littéraire, nóffre progrès vraiment capital depuis les ingénieux aperçus de Quesnay, Hume, Turgot, Ad. Smith.
III. De léquilibre économique spontané
.Mais cette décomposition, même en la concevant comme une analyse purement préliminaire de la vie industrielle en fonctions économiques distinctes et liées entre elles, restait une théorie profondément imparfaite tant quon navait pas suffisamment apprécié les conditions suivant lesquelles concourent ces diverses fonctions. En un mol, lébauche préliminaire dune théorie positive de la vie industrielle exigeait que lon démontrât que les dïverses fonctions économiques concourent entre elles, de manière à arriver à un équilibre naturel et à former un ordre spontané.
On ne sest élevé que par degrés à un théorème si capital; et même sa formulation définitive appartient au Positivisme, car ce théorème a été admis dabord plus implicitement quexplicitement. Mais, néanmoins, il résulte des travaux des grands économistes du dixhuitième siècle, et surtout on laperçoit dans tes conceptions dues au génie synthétique de Quesnay.
Hume démontra dabord que, nonobstant tous les obstacles artificiels quelconques, il tendait toujours à sétablir un niveaus monétaire. Car, daprès lui, malgré les obstacles artificiels de la politique, largent reste toujours, an bout den certain temps, dans un rapport determiné avec le développement agricole et manufacturier de la population.
Il y a donc, quant au rôle de la monnaie, un équilibre ou un ordre naturel économique, qui tend toujours à sétablir, malgré les obstacles artificiels quon lui oppose.
Les economistes français établirent un tel théorème quant au blé ; ils firent voir quil tendait toujours à sétablir, entre la production et la répartition du blé, et les autres fonctions économiques, un équilibre ou ordre naturel quil fallait bien se garder de contrarier, sous peine des plus grands dangers.
« La valeur vénale dus denrées, le revenu, le prix des salaires, la population, sont liés entre eux par une dépendance réciproque, et se mettent euxmémes en équilibre, suivant une proportion naturelle, et cette proportion se maintient toujours lorsque le comnerce et la concurrence sont entièrement libres.
« La chose est évidente dans la théorie; Car ce nest pas au hasard que les prix des choses se sont fixés cette fixation est un effet nécessaire du rapport qui est entre chaque besoin des hommes et la totalité de leurs besoins, entre leurs besoins et moyens les satisfaire ; il faut bien que lhomme qui travaille gagne sa subsistance, puisque cest le seul motif qui lengage à travailler il faut bien que celui qui le fait travailler lui donne cette subsistance et achète, par ce moyen, le travail du salaire, puisque sans ce travail il ne pourrait avoir ni revenu, ni en jouir » (Turgot, Lettres à labbé Terray) .
On peut voir ce point capital des idées de Quesnay et de Turgot nettement exposé par Condorcet (I ). (1) Du Commerce du Blé, par Condorcet.
Cette notion dun ordre naturel économique était, au fond, très implicitement compris dans la conception du tableau éconornique ; et Mercier de la Rivière, qui appartenait à une telle école, put écrire son livre : De lordre naturael et esssentiel des sociétés humaines, dont le titre est vraiment décisif
De telle sorte que, par ces analyses sucessives, les économistes purent arriver à cette conception fondamentale, résultat implicite de leurs travaux : les diverses fonctions économiques, necessairement distinctes, abandonnées à elles-mêmes tendent à certain équilibre et à ordre spontané ou naturel.
Du rete, ces illustres penseurs ne faisaient que démontrer, dans lórdre économique, lassujettissement des phénoménes sociaux à des naturelles de similitude et de succession. Leurs travaux concouraient ainsi, avec les méditations superieures des Vico et des Montesquieu, à préparer les bases dúne science vraiment positive, dont la fondation définitive, par Auguste Comte, devait constituer loeuvre mentale caractéristique du dix-neuvième siècle.
Malgré linsuffisance de leurs théories, ces illustres penseurs purent néanmois admirablement servir la pratique sociale, parce que, sous limpulsion des nobles sentiments, ils ourent appliquer une ébauche sans doute, mais une ébauche vraiment scientifique e positive.
SECONDE PARTIE
DE LA RELATION DE LABSTRAIT AU CONCRET
OU DE
LA THÉORIE A LA PRATIQUE,
DANS LORDRE ÉCONOMIQUE.
I) Des dangers de la consideration exclusive et absolue de lordre économique.
On peut donc que le résultat général qui se dégage de tous les travaux des grands économistes de XVIII siècle, dont nous avons aujourdhui que lindéfinie répétition, se réduit, comme nous venons de le voir, au théorème suivant : Il setablit, au bout dun certain temps, et spontanément, entre les diverses fonctions distinctes de lativité industrielle, un équilibre qui constitue l ordre naturel économique.
Ce nest pas quaucun économiste, à ma connaissance du moins, ait formulé un tel théorème général : mais il se dégrage nettemente et facilement des travaux de Quesnay, Turgot, Hume, Adam Smith. Mais si, en proclamant une telle proposition, ces illustres philosophes en ont tiré une critique négative, utile quoique trop absolue, du régime ancien, et aussi des conséquences pratiques dune immense utilité, le mérite de ces applications a beaucoup tenu à ce quils ont corrgié, sous linfluence de leur grandeur propre et de leur situation, les dangers de cette proposition trop exclusiviment considérée.
Car, on ne doit pas loublier, ces penseurs étaient profondément liés au mouvement de régération du XVIII siècle, et ils évitaient, en tant que philosophes, certains dangers des doctrines purement économiques. Plus tard, il nen a plus été aisin. Leurs successeurs, si lon peut leur donner ce nom, sont devenus de purs économites, et alors ont éclaté de plus linsuffisance et les inconvénients dune prétendue science économique distincte de la science sociale.
Je dois remonter ici à la source intime et scientifique des lacunes et des dangers deléconomie politique considérée comme une science distincte, cultivée independamment de la constante considéation des autres phénomènes sociaux. Cest lá une analyse difficile et délicate, mais absolument indispensable.
Linsuffisance du theóréme fondamental de leconomie politique, conçu en tant que devant diriger la pratique, tient à ce que cest un théorème de statique sociel dans lequel on fait abstraction du temps ; ce Qui est nécessaire, indispensable, au point de vue scientifique, mais à condition que lon sache ce lon fait, et que lon réintroduise lelément écarté, quand on veut aborder la réalité et lapplication.
Je mexplique. En statique proprement dite on étudié les conditions générales suivant lesquelles diverses forces distinctes constituent un équilibre. La considération du temps en donc nécessairement éliminée.
En dynamique, au contraire, où lon étudie le mouvement, la considération dune nouvelle variable, le temps, entre neécessairement, puisque le déplacement dun corps a toujours une certaine durée.
Alors surgit létude nécessaire dles conditions suivant lesquelles le léquilibre subsiste pendant toute la durée du mouvement. Or, ces considérations, émnanees de la mecantque rationnelle, sappliquent à la sociologie, dans laquelle on doit considérer la statique qui étudie les conditions dordre et la dynamique qui étudie celles du mouvement, et les lois suivant lesquelles lordre persiste pendant le mouvement. Or, les économistes ont établi un théorème de statique sociale, à savoir : lexistence, au bout dun certain temps, dun équilibre spontané des diverses fonctions économiques entre elles; mais ils ont ainsi conçu cet équilibre dune manière absolue, sans se préoccuper des conditions dévolution, et sans mème entrevoir les lois suivant lesquelles lèquili bre économique varie aux diverses époques, en tendant vers une certaine limite idéale qui, au fond, ne sera jamais atteinte. Et cest au nom de cette limite idéale quils ont prétendu diriger la pratique. Il y a donc là, malgré une importante mais passagère utilité, une insuffisance croissante et des dangers croissants aussi. Cette insuffisance et ces dangers sont de nature analogue à ceux que nous offrent, en mécanique, les esprits incomplets qui, nayant lait que des études de statique, sont amenés à poursuivre la réalisation du mouvement perpétuel.
Une seconde source derreur, cest que, méme en restant au simple point de vue de la statique ou de léquilibre, les économistes sont encore incomplets, par suite constamment exposés à lillusion, comme les théoriciens trop abstraits quand ils veulent aborder la pratique ou léclairer de leurs conseils.
En effet, léquilibre spontané entre les diverses forces économiques nexiste pas de lui-méme, il existe comme élément dun équilibre plus général, de léquilibre naturel de toutes les diverses forces sociales quelconques. Sans doute lon peut, et lon doit mème considérer léquilibre économique en luimême, mais cest à condition que lon sache ce que lon fait; et surtout à condition de bien savoir et de bien comprendre quen considérant léquilibre économique en luiméme, on emploie un simple artifice de logique indispensable pour mieux étudier, mais purement transitoire, et nécessaire pour sélever finalement à la considération, seule réelle, de équilibre social lui-nième. On conçoit lillusion profonde qui doit résulter de cet oubli pour les économistes au point de vue théorique, mais on comprend mieux encore combien doivent ètre dangereux, pour les praticiens, les conseils émanés dune théorie si insuffisante. Cest dans cette abstraction, conçu par les métaphysiciens économistes comme une réalité, quest la source intime de ces désastreuses conceptions où lon en vient à considérer la vie économique en elleméme, en dehors de toute morale générale et de tout civisme, sauf, depuis quelque temps, dinsignifiantes déclarations morales, habituellement placées dans les préfaces, sans aucune influence appréciable sur les conceptions elles mémes.
Mais les considérations que je viens dindiquer ne sont quun cas particulier dune théorie générale, à savoir celle de la relation de labstrait au concret, ou, en dautres termes, de la relation de la théorie, nécessairement abstraite, à la pratique, nécessairement concrète. Je vais sommairement apprécier cette haute et difficile théorie, et jen déduirai des applications plus précises au cas de léconomie politique.
Il. Théorie générale de la relation de labstrait au concret ou du rapport de la théorie à la pratique
La science proprement dite étudie les lois des divers phénomènes distincts; elle est donc nécessairement abstraite, puisquelle étudie chaque phénomène, considéré dans ce quil a de commun dans tous les corps différents qui le manifestent. Ainsi, la géométrie étudie les lois de létendue appréciée en elle-mème, indépendamment de chaque corps en particulier. La mécanique expose les lois générales du mouvement en tant quelles sappliquent à tous les mouvements quelconques, et non point tel ou tel corps en mouvement. La physique et la chimie nous présentent le même caractère.
La biologie et la sociologie rentrent de plus on plus dans le meme cas, depuis quelles sont définitivement devenues des sciences positives.
Par suite même de son caractère abstrait, la science est générale, car elle étudie des conditions qui se retrouvent dans tous les cas particuliers quelconques. Cest là son immense avantage, mais cest aussi son grave danger. Car lors-quoi veut passer directement de la science abstraite à la pratique, on est exposé à lillusion, à cause de lélimination, necessaïre au point de vue scientifique, de certains éléments qui ont cependant, sur le résultat effectif, une influence décisive. Est-ce à dire pour cela que la semence nait pas dutilité pratique, et que son utilité soit purement philosophique? Il nen est rien et il faut expliquer ici avec précision où réside la source fondamentale de lutilité pratique des sciences abstraites.
Les lois abstraites des divers phénomènes ont une immense utilité pratique comme lexpérience la suffisamment constaté. Car le puissant développement qua reçu lindustrie occidentale, depuis surtout un siècle, tient àlapplication quon y a faite des sciences abstraites (mécanique, physique et clhimie) . Une comnparaison historique rendra ceci extrémement sensible. Il suffit en effet de comparer lindustrie essentiellement concrète et empirique de la Chine avec lindustrie, à hase abstraite, de lOccident. La population chinoise est aussi active, aussi économe, aussi industrieuse que les populations occidentales, et néanmoins celles-ci sont arrivées dans lordre physico-chimique, grâce aux sciences abstraites correspondantes, à dimmenses résultats dont la Chine noffre pas méme lébauche. Nous citerons, par exemple, la machine à vapeur, les applications de lélectricité, etc., etc. La Chine ne retrouve légalité, ou mème quelquefois la supériorité, que dans les industries, telles que lhorticulture, ou lintervention de la science na pu ètre encore convenablement organisée .Le phénomène est donc incontestable et propre à frapper tout observateur judicieux.
Mais cest lexplication, jusquici trop méconnue, de ce grand fait, quil fallait indiquer.
Lutilité pratique de la science abstraite tient à deux conditions quil faut sommairement apprécier.
La première consiste à permettre lexamen des cas possibles, en dehors de ceuxque nous présente lobservation immédiate de la réalité. De là une immense base daction modificatrice, et la possibilité darriver à constituer, dans une infinité de cas, un ordre artificiel infiniment supérieur, pour nous, à lordre naturel, et précisément on nous appuyant sur les lois des phénoménes. On a pu ainsi, grâce à la connaissance abstraite des lois de la mécanique et de la physique, construire une puissance motrice que les lois des phenomenes géométriques nous ont permis dappliquer à tous les cas. Car, lorsquela physique eut permnis, par lintervention de la vapeur, de produire un mouvement de va-etvient, la théorie abstraite de la transformation des mouvements permit den déduire avec une précision mathématique toute sorte de mouvements quelconques. Prenons un autre exemple pour rendre plus sensible cette explication. Lhomme avait constaté, dès le début de toute civilisation, que certains corps flottent spontanément, tandis que dautres sont privés de cette propriété. Ce double fait était exprimé empiriquement en distinguant les corps en légers et lourds. Mais, lorsque Archiméde eut trouvé le principe qui explique les conditions de toute flottaison, la distinction empirique disparut, et, grâce au principe scientifique, on put concevoir la possibilité de faire flotter les corps quelconques, et mème ultérieurement, la possibilité de la flottaison aérienne.
Mais si la science abstraite permet de concevoir une infinité de cas possibles de modiflcahililé, que lempirisme neût pas revelés, elle pernmet aussi, par une propriété complémentaire, de circonscrire nos essais dans des limites déterminées. Car, grâce à la connaissance des lois scientifiques des divers phénomènes, nous pouvons éliminer directement toutes les tentatives daction pratique lui violeraient lune quelconque de ces lois.
Cest ainsi que les applications de la science, partout où elles peuvent être faites, rendent possible la combinaison qu on aurait crue irréalisable entre laudace et la prudence.
Si la science rend praticables des applications que le plus audacieux rêveur neût osé concevoir, par un privilège non moins certain, elle introduit la régularité dans le domaine des chimères.Cest ainsi que, dans toutes les industries où les sciences abstraites ont pu étre appliquées, les occidentaux ont montré, et montreront de plus en plus la combinaison ce la plus haute audace dans les entreprises, avec une grande sagesse pour lélimination des pures utopies
Dans lordre socïal et moral où labstraction a été, en Occident, introduite, maïs sais caractère suffisamment scientifique, nous avons vu une audace dentreprises propre aux Européens, mais sans aboutir à une convenable systématisation de la pratique politique. Cela nous conduit ainsi à concevoir, parallèlement aux diverses sciences abstraites, tino série darts correspondants, essentiellement relatifs aux phénomènes que ces sciences étudient. On ne doit pas néanmoins oublier que, si un art a spécialement pour destination essentielle la modification dun certain ordre de phénomènes, néanmoins il est obligé de tenir compte de la réaction de tous les autres; on est ainsi conduit à la double série suivante :
Sciences Arts.
Géométrie Arts géométriques
Mécanique Arts mécaniques
Astronomie Arts astronomiques
Physique Arts physiques
Chimie Arts chimiques
Biologie Arts biologiques
Sociologie Arts Politique
Morale Théorique Moral Pratique ou Education/Medicine, Devers/,
Mais alors se presente une immense question que lempirisme antique navait pas même pu entrevoir : é passage de labstrate au concret, ou en dautres moins scientifiques, le passage de la théorie à la pratique.
Un art quelconque ne peut recevoir as constituition morale quen se liant à une science correspondente ; cest ainsi que lart peut acquérir le degré de rationalité dont il est susceptible, et cest ainsi encore que nous arriverons dans tous les ordres de phénomènes, surtout sociaux, à cette puissance modificatrice à la fois audacieuse et sage que nous avons déjà atteinte à un degré caractéristique dans lordre cosmologique.
Certes, nous ne pouvons meme ébaucher ici cette vaste théorie, mais la conception seule de son ensemble une jettera une grande lumière sur la question que nous examinons en ce moment: lapplication de léconomie politique, conçue comme science abstraite, à lart politique.
Léconomie politique est une science abstraite, mais une science abstraite incomplète, et par suite insuffisante, à cause du caractère absolu quelle a encore conservé, et qui lui donne un cachet métaphysique, malgré de belles analyses spéciales.
Dun autre côté, léducation dordinaire exclusivement littéraire de ceux qui la cultivent au XIX siècle a aggravé considérablement les inconvénients de sa primitive constitution irrationnelle.
Aussi voyons-nous actuellement léconomie politique devenir de plus en plus absolue, au moment où il faudrait quelle devint plus relative.
Je vais appliquer, dune manière plus spécale, ces considérations à quelques-unes des conceptions les plus fondamentales de léconomie politique.
Les économistes justifient tout nouveau changement, et repoussent les plaintes souvent si légitimes de ceux qui en souffrent, en prétendant quaie bout dun certain temps il setablit un équilibre économique plus favorable que le précédent àlordre social, et mème finalement plus avantageux à la classe primitivement lésée. Tout le monde connaît les lieux communs littéraires sur le nombre des ouvriers dimprimerie comparé à celui des copistes.
Mais en admettant que cela soit théoriquement vrai, comme ce la été, en effet, bien souvent, il nen est pas moins vrai quen pratique le temps est un élément capital et dont il nest nullement permis de faire abstraction. Remédier aux malheurs quentraîne sourtoflt de nos jours, toute grande modification économique, par la perspective du bonheur ultérieur de nos successeurs, constitue une solution dérisoire qui juge la science doù elle émane.
Une appréciation analogue sapplique au fameux principe de loffre et de la demande, qui nest au fond quune transformation spéciale du principe de léquilibre économique spontané. Car ce principe revient au fond à dire : quil sétablit nécessaireent un équilibire, au bout dun certain temps, entre les diverses fonctions economiques, puisque toute fonction économique aboutit finalement à un échange. Or, dire quil ny a rien à faire quà la laisser agir ce principe sans jamais intervenir, cest dléclarer que nous ne devons jamais perfectionner lordre naturel; ce qui constitue le plus complet aveu dinsuffisance quune science puisse faire. Ce principe revét méme un caractère finalement odieux, quand on prétend sen servir exclusivement pour régler les relations entre les entrepreneurs et tes travailleurs. Car on en arrive alors à réduire les hommes à le simples matériaux, et à justifier lindustrialisme le plus abject.
Un troisième principe de léconomie politique, qui nest aussi quune autre forme du théorème de léquilibre économique spontané, cest la fameuse théorie du livre-éhange, dont nous devons dire quelques mois à cause de labus singulier quon en a fait.
Ce libreé-change consiste, au fond, à étendre aux populations diverses le principe de la division du travail. On admnet, de cette manière, que chaque population sappliquera à produire ce qui convient le mieux à sa situation, et quensuite il sétablira spontanément le meilleur équilibre économique possible entre les diverses populations livrées à des fonctions distinctes- De celte manière, lHumanité est conçue dans son ensemble, comme formant un tout exerçant sur la planète une action systématique pour la meilleure satisfaction de nos besoins.
Cette conception est fort remarquable au point de vue abstrait, et constitue une vue large, quoique imparfaite, de la limite vers laquelle nous devons tendre. Mais, si lon veut procéder tout de suite, daprès cette voie absolue et imparfaite, à la réalisation pratique, les conséquences les plus désastreuses font ressortir immédiatement linsuffisance profonde de léconomie politique.
1o - On fait ainsi abstraction des diversités nationales actuelles, de sorte que lapplication de ce principe, prétendu humanitaire, devient terrible. Voilà, par exemple, le cas de lInde où chacun est attaché à sa profession par des principes religieux absolus. Mettez donc cie tels malheureux, que leurs convictions lient à leurs métiers, en concurrence immédiate avec les puissantes machines occidentales? Aussi, le cas de lInde présentetil une des situations où le fameux principe du libre-échange est le plus on défaut, et cest peutêtre ici que la prostitution du mot progrès, pour justifier lexploitation dindignes bandits cummercuauix a été la plus odieuse. Je pourrais, à un moindre degré, appliquer ces considérations au cas de la Chine et du Jopon, et mème à lOccident, malgré les pompeuses déclamations littéraires quon ressasse sans cesse sur un tel sujet. On voit donc quen négligeant, par la brutale application du libre-échange, linégalité de développeinent des diverses sociétés de la planète, on arrive à produire un désordre épouvantable. il ny a que ceux qui se consolent de tout, par limmensité des chiffres des affaires économiques, qui peuvent ainsi prendre leur parti des souffrances imposées aux masses humaines par ces dangereuses spéculations abstraites.
2O -- Le développement du libre-échange, surtout imposé par lOccident à lOrient, conduit à ces fortunes à la fois nombreuses et puissantes qui, acquises en dehors de toute considération quelconque de moralité, rendent la richesse odieuse et méprisable.
3O-- Enfin, cette considération exclusive dun équilibre économique universel, sans la considération dune préalable rénovation religieuse universelle, supprime le civisme base éternelle de toute existence sociale, et la moralité, couronnement final de létat normal,
Je viens ainsi, dans ces diverses conceptions fondamentales de léconomie politique, dindiquer la source des illusions tenant à la constitution incomnplète et métaphysique de cette prétendue science.
Du reste quand, au siècle dernier, surgirent ces conceptions alors si nouvelles et si utiles, et qui ont joué un rôle si efficace, désormais épuisé, une vive discussion signala quelquesuns des principaux inconvénients de ces doctrines économiques. Cette discussion, trop oubliée et trop mal jugée, peut maintenant étre convenablement appréciée du point de vue élevé où nous sommes placés.
Ladversaire éminent des doctrines économiques fut le célèbre abbé Galiani; je dis adversaire éminent, car tout en signalant les côtés faibles et insuffisants de ces conceptions, il en adoptait au fond la partie la pi us applicable. Les diverses objections de Galiani ont été présentées dans les Dialogues sur le commerce des blés (1 Londres,1770 ), qui sont de véritables chefsdoeuvre desprit, dart et souvent dune admirable sagacité. Citons le passage suivant :
« Le chevalier . ---- Au reste, je conviendrai que la plupart des anciens règlements, lorsquils ont été faits pour la premnière fois, étaient pleins de sagesse et de raison, parce qualors ils ont été faits selon le temps et les circonstances.
Le marquis. Oh ! que j ai de plaisir à vous entendre parler ainsi ! En vérité, tous les auteurs modernes traitent nos ancêtres bien durement. .A les en croire, on dirait quils marchaient à quatre pattes. Ou répète à chaque ligne quils ne connaissaient ni vrais intéréts de la nation, ni la balance du commerce, ni les principes de bonne administration, quils respectaient ni la probité, ni la liberté ! En un mot, un les représente à nos yeux comme une troupe de tyrans aveugles, qui frappaient une barre de fer sur un troupeau desclaves stupides. Les plus doux et les plus réservés de ces écrivains se contentent de dire que nos bons ancétres étaient un peu bètes. Ces propos mont toujours fait de la peine par mille bonnes raisons, et surtout parce quil me paraît à moi incontestable que nous descendons de nos ancêtres. »
Ainsi labbé Galiani comprenil admirablement bien quil était absurde de juger, au point le vue dun ordre économique abstrait, ce qui doit être apprécié en tenant surtout compte de la situation politique. Il met ainsi le doigt sur lirrationalité du caractère absolu de lé onomie politique.
Comme à lordinaire, les critiques judicieuses et souvent profondes de Galiani narêtèrent nullement lévolution socialement opportune de léconomie politique, dont les principales analyses scientifiques avaient du reste une incontestable valeur abstraite. Mais, au fond, personne ne réfuta réellement Galiani, sauf la profonde appréciation où Turgot (1) signale à la fois le caractère necessairemnent abstrait de toute vraie conception scientifique, ce que Galiani avait trop méconnu, et en méme temps linopportunité sociale de ces critiques contre une appréciation exagérée sans doute, mais indispensable dans la situation correspondante de lOccident.
Outre ladmirable force abstraite de Turgot, on sent ici lincomparable supériorité morale de ce grand homme. Du reste, on doit remarquer que comme ministre, et comme administrateur, notre grand Turgot savait apporter à la tendance trop absolue des principes économiques tous les tempéraments nécessaires.
Enfin, je dois terminer cette digression historique par quelques paroles de Sieyès, où il a parfaitement senti la véritable relation de la théorie à la pratique :
« Tant que le philosophe nexcède point les limites de la vérité, ne laccusez pas daller trop loin. Sa fonction est de marquer le but; il faut donc quil y arrive. Si, restant en chemin, it osait y élever son enseigne, elle pourrait étre trompeuse. Au contraire, le devoir de ladministrateur est de combiner et graduer as marche, suivant la nature des dillacultés. Si le philosophe nest au but, il ne sait où il est; si ladministrateur ne voit lu but, il ne sait où il va » (Sieyés, Quest-ce que le Tiers-État ?)
(1) Vous êtes bien sévère c nest pas là un livre quon puisse appeler mauvais, quoiquil soutienne une bien mauvaise cause ; mais on ne peut la soutenir avec plus despirit, plus de grâce, plus dadresse de bonne plaisanterie, de finesse même , et de discussion dans les détails. Un tel livre, écrit avec cette élégance, cette légèreté de ton, cette propriété et cette originalité de expression, et par un étranger, est un phénomène peutêtre mimique. Louvrage est trés amusant, et malheureusement il sera très difficile dy répondre de façon à dissiper la séduction de ce quil y a de sérieux dans les raisoinnemeuts, et de piquant dans la forme. (Lettre à lábbé Morellet. Limonges, 17 janvier 1770)
Vous croiriez que je trouve son ouvrage bon, et je ne le trouve que plein desprit, de génie même, de finesse, de profondeur, de bonne plaisanterie, etc., mais je suis fort loin de le trouver bon, et je pense que tout cela est de tesptit infinitement mal employé, et dautant plus mal quil aura plus de succèset quil donnera un appui à tous les sots et les fripons attachés à lancien système, dont cependant labbé séloigne beaucoup dans son résultat. Il a lart de tous ceux qui veulent embrouiller les choses claires, des Nollet disputant contre les Frankln sur lélectricité, des Montaran disputant contre M. le Gournay sur ta liberté du commerce, des Caveyrac attaquant la tolérance. Cet art consiste à ne jamais commencer par le cemmencement, à présenter, te sujet dans toutesa complication, ou par quelque fait qui nest quune exception, ou par quelque circonstance isolée, étrangère, accessoire, qui ne tient pas à la question, et ne doit entrer pour rien dans la solution. Labbé Galiani, commençant par Geuéve pour traiter la question de la liberté du commerce des grains, ressemble à celui qui faisant un livre sur les moyens quemploient les hommes à se procurer la subsistance, ferait son premier chapitre des culsdeJatte...
Je dirai encore généralement, que quiconque noublie pas quil y a des Epats politiques séparés les uns des autres et constitués diversement ne traitera jamais bien aucune question déconomie politique: je naime pas non plus à le voir (Galiani) toujours si prudent, si ennemi de lenthousiasme, si fort daccord avec le ne quid nimis, et avec tous les gens qui jouissent du présent et qui sont fort aises quon laisse aller le nonde commue il va, parce quil va fort bien pour eux, et qui, comme disait M. de Gournay, ayant leur lit bien fait, ne veulent pas quon les remue. Oh ! toutes ces genslà ne doivent pas aimer lenthousiasme, et ils doivent appeler enthousiasmetout ce qui attaque linfaillibilité des gens en place, dogme admirable de labbé, politique de Pantgloss quil éte à tous les lieux et à tous les temps. » (Lettre à Mademoiselle de Lespinasse. Limoges, 26 janvier 1770.)
TROISIÈME PARTIE
DE LA STABILITÉ DE LÉQUILIBRE ÉCONIMIQUE
I. De linstabilité économique et de ses dangers.
Lanalyse philosophique que nous venons daccomplir nous a donné une connaissance précise des erreurs de léconomie politique et des dangers de son application; nous pouvons maintenant apprécier comment ces erreurs influent dune façon si fâcheuse sur la situation actuelle de lOccident et de la Ptanéte, en donnant une consécration systématique aux excés constamment croissants dun industrialisme effréné, que lon prétend dispenser toujours au nom de ces fallacieuses conceptions, de toute direction quelconque. En ne concevant que la vie économique dans sa pleine universalité planétaire, abstraction faite des autres éléments sociaux, on est ainsi arrivé à la proclamation implicite dun type de vie purement matériel. Produire avec frénésie pour consommer le plus possible, tel est le but unïque que lon a fini par donner à la vie humaine. Je sais bien, comme je lai déjà fait remarquer, que les économistes placent quelquefois dans leurs préfaces de respectueuses salutations à la morale ; mais comme ces vagues déclarations ne précisent jamais de vrais devoirs sociaux, elles aflèctent la forme et nullement le fond. Cela est tellement vrai quon en est venu naïvement à classer les peuples daprès la quantité de viande quils mangent. Cest le pendant économique de la singulière classification démocratique des peuples tlaprês le nombre dindividus qui savent lire, en faisant, bien entendu, soigneusement abstraction de ce quils lisent.
Une des conséquences les plus regrettables de telles habitudes et des principes qui les consacrent, cest une instabilité économique constamment croissante.
Un simple coup doeil jeté sur la société occidentale, et surtout sur les deux populations française et britannique met en parfaite évidence un tel phénomène social. Il y a évidemment une incessante excitation à un changement continuel, soit dans les moyens de production, soit dans les habitudes de consommation, soit enfin dans les diverses relations des consommateurs aux producteurs ou des divers producteurs entre eux. Cette instabilité excessive tient à lexclusive préoccupation dune production effrénée, toujours dirigée par des motifs exclusivement persennels, sans aucune intervention quelconque de motifs moraux et sociaux. Léconomie politique a systématisé cette exclusive intervention de la personnalité dans la vie industrielle or, la personflalité, sans contrepoids moral, pousse toujours à ha variabilité indéfinie, surtout lorsquelle est armée, comme de nos jours, des plus puissants moyens de satisfaction.
On a même, sous le nom de progrès fait une sorte de dogme distinct de cette instabilité.
Une école fameuse, dont laction a été et est encore au jourdhuï si profondément désastreuse, a effectavement systematisé une telle instabilité en tirant explicitement les conséquences de lesprit propre à léconomie politique. Elle a été fidèle, dans ce cas-là, à lesprit du triste chef quelle sétait donné. Ainsi, Saint-Simnon a publié un mémoire ayant pour titre Mémoire pour mettre les propriétaire dans la même situation que les commerçants, par rapport aux prêteurs. Le but de cette conception était dappliquer aux instruments la motilité qui convient seulement aux provisions, en méconnaissant ce que la sagesse de tous les peuples avait admis et respecté, et que les légistes avaient mème pratiquement utilisé dans la grande distinction entre les meubles et les imrneubles. Cette distinction est lébauche de la grande division dAuguste Comte entre les instruments et les provisions. Mais lébauche des légistes, insuffisante au point de vue théorique, et même de nos jours au point de vue pratique, les avait néanmoins conduits à instituer des règles différentes dans lemploi comme dans la transmission de ces deux sortes différentes dobjets. Saïnt-Simon, en méconnaissant cette grande distinction et en demandant lassimilation des instruments aux provisions, poussait évidemment à la plus grande instabilité économique possible.
Aussi, ses successeurs ont-ils été conduits à lidée de réaliser pratiquement la conception du maître en proposant la représentation de toutes les propriétés et de tous les instruments par des titres facilement négociables, et qui méme seraient devenus, finalement, de simples titres au porteur. De cette manière, et convenablement manipulée par dhabiles faiseurs, grâce au triste emploi de lanonymat, la circulation de tels titres, supprimant toute responsabilité, aurait donné lieu à la plus étonnante orgie économique quil soit possible de réver. Linstabilité de toutes les situations aurait créé une anarchie industrielle et morale véritablement sans nom. Sans doute, les lois naturelles de lordre social, le poids fatal des habitudes et des antécédents auraient opposé bientôt dinsurmontables obstacles à la réalisation de ces désastreuses utopies, mais la simple émission de telle conception ne rend que trop évidente une instabilité économique quon a osé systématiser à un tel degré; instabilité qui ira évidemment en croissant, puisquelle nest plus combattue que par danciennes habitudes et des principes épuisés, qui deviennent chaque jour plus incapables de défendre lordre social.
Linstabilité économique ainsi bien constatée, il nous faut, avant dindiquer les moyens convenables de la régler insister, avec plus de précisioms que je ne lai fait jusquici, sur ses graves dangers.
Les dangers de linstabilité économique sont personnels, domestiques et sociaux. de vais apprécier sommairement à ce triple point de vue.
Les dangers personnels de lia.statiiué économique sont de plusieurs sortes.
Il est dabord de toute évidence quune telle instabilité constitue nécessairement tmne prédisposition à la folie. Létat normal suppose toujours une double subordination nécessaire de lhomme au monde et à lllumanité (1) (
(1)Des symptômes intellectuels de la foile, par Dr. Eugèe Sémérie. I vol., chez Adrien Delahaye, place de lEçole deMédicine-Paris,1867. )
Or, linstabilité croissante des positions est évidemment une des conditions les plus efficaces pour déterminer lincohérence, qui est à la fois une des causes et un des caractères de la folie.
Dun autre côté, cette instabilité continue accroît léréthisme nerveux qui est la conséquence dun état de civilisation aussi complexe que celui de lEurope occidentale, et par suite, elle contribue aux dangers considérables de cet éréthisme (1). (1) (Voir lAppel aux médicins, par le doucteur Aaudiffrent, Paris, Dunod,1862 )
Le grave danger de linstitution irrationnelle de léconomie politique actuelle, cest précisément de ne pas apprécier les conséquences mentales et morales des divers modes de láctivité industrielle ; cette prétendue science procède toujours comme
si le but de la civilisation était de faire des consommateurs seulement et non pas des hommes et des citoyens. Tandis que la science sociale, constituée dune manière vraiment positive, ne perd jamais de vue la destination finale de lévolution, qui consiste dans noire unLverscl perfectionnement. Cest pour cela que, considérant lactivité industrielle comme un simple élément de lorganisme collectif, nous venons dapprécier les conséquenceS de létat desordontié de cette activité sur la constitution humaine elle-même (2).(2) Tout le monde connaît les effets désastreux dun régime manufacturier désordonné sur la constituition des ouvriers qui y participent. La race se trouve atteinte et dégradée. A un tel phénomène incontestable les économistes ne savent répondre que par luniforme répétition du laissez faire, laissez passer ; Il y a plus : on a vu souvent les chefs manufactoriers eux- même tirer, de ce spectacle des accusations contre le prolétariat. Ils oublient quune situation implique pour eux une grave responsabilité, puisquun de leurs premiers devoirs est de faire tous leurs efforts pour y remédier. Du reste, la honteuse participation de tant de chefs industriels au system dhypocrisie théologique ne vérifie que trop le degré dabaissement où la plupart sont tombés
Les dangers domestiques dune excessive instabilité économique sont non moins évidents que les dangers personnels, et on le concevra facilement en remontant à la vraie conception de la famille humaine.
Ce qui caractérise la famille humaine, et la différencie essentiellement de la famille animale, cest la continuité, tandis que la seconde se réduit au fond à la simple solidarité actuelle; avoir un passé et un avenir, tel est le vrai caractère de la famille, dont les classes aristocratiques ont seules jusquici offert un véritable type.
Lanarchie économique tend à desorganiser la famille, puisque léconomie politique na jamais pu sélever à une conception positive de cette grande institution sociale. Au lieu de considérer la société, daprès la réalité scientifique, comme composée de familles, elle la conçoit, au contraire, comme une simple réunion dindividus poursuivant le bien être dans un but purement personnel.
Lanarchie économique reçoit ainsi une consécration, en apparence scientifique, qui aggrave une telle situation. Apprécions dune manière plus détaillée cette influence de linstabilité proprement dite sur la famille.
En premier lieu, elle tend it supprimer la fixité du domicile, première condition de lexistence normale de toute famille quelconque. Le profond instinct qui caractérise le langage a conduit, en effet, à désigner sous le nom de maison toute famille véritable, comme le montrent les classes aristocratiques. Mais bien loin détendre graduellement à tous ce type supérieur, linstabilité économique tend à altérer profondément la fixité déjà obtenue. Lon est allé tellement loin dans cette voie quon a osé dire que notre glorieuse capitale devait finalement étre composée de nomades. Une telle assertion vraiment sincére de la part de celui qui la énoncée, na trouvé de la part du public quune instinctive répugnance non formulée; ce qui prouve la triste dégénération où nous conduit un économisme triomphant. Le résultat final dune telle conception, sil était réalisable, serait de transformer Paris en une sorte de vaste caravansérail où tous les enrichis de la Planète viendraient donner le honteux spectacle de la consommation pure, transformée ainsi en une sorte de fonction sociale.
Linstabilité économique agit encore dune manière moins apparente, mais plus intime sur chaque famille, en supprimant les liens qui résultent il mine similitude doccupations entre les prédécesseurs et les successeurs . Il est bien entendu quil ne sagit ici de rien dobsolu et quil nest nullemeut question de porter atteinte à la juste mobilité indispensable à lexistence du grand organisme. Au reste, les solutions positivistes étant surtout morales et non politiques permettent toujours déviter les inconvénients de lesprit absolu, si antipathique au caractère profondément relatif de la vraie science.
Quant aux dangers sociaux de la trop grande instabilité economique, ils sont si considérables et si évidents quils ont déjà attiré lattention dobservateurs consciencieux, dignement préoccupés de notre situation sociale.
Le mouvement industriel a développé un vaste prolétariat, dont lincorporation sociale constitue le grand problème de notre époque. Or, linstabilité des habitudes livre cette immense masse à une insécurité croissante et vraiment redoutable. En quelques jours, de nombreux prolétaires sont exposés, par une simple modification dhabitude, à être totalement privés de leurs moyens dexistence, sans quon puisse, en aucune manière, les en rendre responsables, puisque, par leur situation méme, ils ne peuvent ni prévoir ni pourvoir dans un tel sujet.
Outre linstabilité dans les habitudes, nous voyons croître sans cesse, par une aveugle préoccupation du progrès, et aux applaudissements de nos docteurs, une instabilité croissante dans les moyens de production. Les conséquences en sont les mémes que celles de linstabilité des habitudes, à savoir des chômages fréquents, et souvent terribles, entrainant quelquefois la mort lente de nombreuses victimes. Comme la dit sï justement M. Bridges, « au sein de nos grandes et grandissantes cités, il y a des plaies en comparaison desquelles les massacres féodaux semblent des combinaisons heureuses. A mon idée, il est terrible que le sang soit versé, mais il est autrement terrible que le sang se dessèche et se consume. Le développemient avancé de la société nous offre certainement de plus nobles perspectives, maïs aussi il amène avec lui des dangers do corruption plus affreux et plus fatals. Il y a devant nous un ciel plus levé, et un enfer plus profond »
Ces chômages, croissants ci de plus en plus formidables, laissent la vie de milliers dhommes sans cesse exposée aux dangers les plus extrémes, sans quil leur soit possible de les prévoir et encore moins dy remédier, malgré des assertions qui semblent nétre quune amère ironie, tant elles sont dénuées de tout fondement vraiment sérieux.
Je ninsiste pas davantage sur des propositions si évidentes et jaborde lexamen des moyens propres à remédier au moins suffisamment à de tels inconvénients sociaux.
Il. - De la nécessité de remédier à Iinstabïliié économique et des moyens dy arriver.
Pour remédier aux neonvenients signalés, il faut dabord les reconnaitre franchement, sans exagération anarchique comme sans optimisme rétrograde. Voyons les choses telles quelles sont; cest là la première condition pour y apporter une réelle amélioration.
Ceci fait, reconnaissons que le principal remède aux maux sociaux est surtout intellectuel et moral, et secondairement politique. Les institutions nont de valeur et defficacité quautant quelles sappuient sur des principes universellement adoptés, dont elles ont pour but de compléter la réalisation.
Le but à atteindre est donc darriver à la formation dune opinion sous linfluence prépondérante de laquelle les habitudes puissent changer, de manière à revenir enfin à une vraie situation normale, cest-a-dire sagement progressive, en restant toujours organique.
Lavènement dune nouvelle conception de lordre social, scientifiquement démontrable, fera naître chez chacun de nous des vues et des sentiments qui nous disposeront à modifier notre conduite. Cest ainsi que pourra se régler la vie sociale; il ny a finalement de stable et deffieàce que ce qui repose sur une libre adhésion volontaire lentement formée.
Dun autre côté, les conceptions universellement adoptées (et elles le seront inévitablement, si elles sont scientifiques) formeront une opinion nullement arbitraire, puisquelle sera lexpression de la réalité, qui permettra, dorganiser la réaction de chacun sur tous, de manière à aider leffort personnel, en diminuant lintervention de la force qui doit graduellement décroitre, bien que lon ne puisse espérer léliminer jamais entièrement.
Voyons maintenant sommairement quelles sont les conceptions scientifiques, dont ladoption nous permettra daméliorer lordre social économique, en acceptant avec résignation les dispositions immodifiables.
Il faut dabord nettement admettre les grands principes définitivement démontrés par les illustres penseurs du dixhuitième siècle que jai si souvent cités.
La propriété individuelle est la hase fondamentale et nécessaire de toute société; elle est la condition de tout progrès comme de toute dignité, et elle doit étre plutôt consolidée québranlée.
En second lieu, la division des fonctions économiques est aussi inévitable quindispensable.
Enfin, les diverses fonctions abandonnées au jeu naturel des forces individuelles tendent à former un ordre spontané, base inébranlable de tout perfectionnement artificiel.
Mais il faut maintenant établir un second principe absolument méconnu par léconomie politique, et qui sera le point de départ de notre intervention artificielle pour une sage amélioration de lordre naturel.
Ce principe est le suivant : « La richesse est sociale dans sa source et doit lêtre dans as destination ».
Je ne reviens pas sur la démonstration si évidente, et aujourdhui si facile, de ce grand principe. (1) ;
{1) Voir ,mon Discours douverture du cours philosophique sur lhistoire générale de lHumanité. Paris. Vieior Dalmont, 1859.}Je veux seulement la compléter en cn dégageant les notions qui y sont contenues.
Il faut en effet reconnaître que ce que jai dit de la richesse sapplique bien évidemment au travail proprement dit,
Il est de toute évidence que la capacité professionnelle dun ouvrier, même au degré le plus élémentaire, constitue une lente création de lHumanité, et qui a exigé des efforts qui
remontent aux premiers âges de lhistoire. Le travail est donc social dans sa source, et, par suite, doit lêtre dans sa destination.
Il résulte donc de là, quentrepreneurs et travailleurs, nous sommes des membres necessaires due vaste organisme, et que, par suite, doit disparaître moralement la distinction transitoire entre les fonctions privées et les fonctions publiques.
Il en résulte encore que nous avons tous, dans lordre économique, des devoirs à remplir.
De ladoption de ce nouveau principe découlent des conséquences immenses.
En premier lieu, il nest plus permis moralement de considérer les variables nécessités de notre personnalité, et ses variables aspirations, comme étant les seules considérations qui doivent entrer dans le règlement de notre conduite; et nous devons introduire dans les actes dc notre vie économique la considération, non seulement dc notre intérét, mais aussi des conséquences sociales de ces actes.
Il faut encore cesser de confondre, comme on le fait de nos jours, la notion de changement avec celle de progrés. et ne pas glorifier de ce dernier nom tout changement quelconque, sans se demander si ce changement constitue une véritable amélioration.
En outre, même lorsquun changement constitue un progrès véritable, il est nécessaire de senquérir, au point de vue social, de sa véritable opportunité.
Enfin, lorsque le changement projeté constitue un progrès opportun, cest un devoir inéludable que dorganiser une transaction convenable entre létat actuel et la situation que lon veut atteindre.
Daprès ces diverses considérations, il incombe à chacun de nous trois ordres de devoirs, tant an point de vue actif, comme agents industriels, quau point de vue passif, daprès notre approbation ou notre blâme convenablement motivés.
Un devoir capital et que jexamine le premier, parce que chacun peut participer à son accomplissement dans une certaine mesure, cest de tendre vers une convenable fixité des
habitudes. Comment la vie industrielle pourra-t-elle prévoir et pourvoir, si, à chaque instant, les diverses industries du logement, du vêtement, de lameublement, etc., etc., sont soumuses à de brusques soubresauts qui changent instantanément toutes les conditions dexistence de ceux qui y participent? Cette fixité comporte, du reste, toutes les lentes modifications que nécessite un convenable perfectionnement. Il est inutile dajouter que cette fixité dhabitudes si nécessaire à lordre social, a, du reste, les plus heureuses réactions personnelles et domestiques, et quelle peut seule pérmettre une véritable perfection esthétique, incompatible avec la prépondérance de caprices indéfinis, émanés le plus souvent des plus infimes et même des plus basses inspirations.
Une seconde condition fondamentale pour arriver à un ordre vraiment normal, cest de modérer linstabilité propre à la transformation des modes de production.
Les littérateurs économiques ont beaucoup protesté, avec justice dans une certaine mesure, contre la profonde aversion avec laquelle sont ordinairement accueillis, par les ouvriers, les divers progrès et les nombreux changements qui se sont accomplis depuis quelques siècles, surtout dans lindustrie manufacturière.
Sans doute, il est incontestable que lévolution préliminaire de lindustrie ayant dû ètre purement empirique, tous les divers progrès, même les plus utiles et les plus nécesraires, ont dû étre plus ou moins perturbateurs, et ne devaient pas, pour cela, étre rejetés. Mais il faut reconnaître aussi quà mesure que lévolution industrielle acquiert plus de puissance, les changements, ou mème les progrès les plus certains, entrainent avec eux des troubles et des malheurs de plus en plus graves pour le prolétariat, et même pour un grand nombre dentrepreneurs ou chefs industriels. Et de plus, lempirisme primitif de lévolution industrielle, à mesure quil devient plus perturbateur, devient de moins en moins excusable dans la situation actuelle de lesprit humain. Car, suivant la profonde formule dAuguste Comte, lâge préliminaire de Humanité a dû développer les forces, tandis quà léta normal, elles doivent suctaul étre réglées.
Le problème, à ce sujet comme à tant dautres,est dorganiser la conciliation de lordre avec le progrès, ce qui ne peut être obtenu que par la subordination nécessaire du progrès à lordre, dont il ne doit jamais être quun convenable développement.
Il incombe daprès cela une série de devoirs à Fensemble du public, aux chefs industriels et aux prolétaires.
Le devoir général propre à tout le monde, cest, daprès la conception positive de lordre industriel, de changer enfin la conception empirique daprès laquelle toute modification quelconque à ce qui est établi est considérée comme un progrés. Il faut concevoir enfin quil est du devoir de chacun de nous de nappuyer un progrès réel qualors quil est opportun et graduellement introduit avec une transition convenablement organisée.
Aux chefs industriels incombe le devoir spécial dorganiser une telle transition. Il y a là une sorte dextension du principe de lindemnité pour cause dutilité publique; cest à ceux entre les mains desquels sont concentrés les capitaux humains à prévoir les crises et à y pourvoir; cest à eux dinstituer un adoucissement aux maux quentraîne toute modification un peu intense dans les moyens de production. Il y a là un irrécusable devoir dont la démonstration est facile et presque évidente.
Quant au prolétariat, son intervention, à ce sujet, est plus passive quactive. Néanmoins, quand il sera régénéré par une suffisante adoption des principes positivistes, il participera énergiquement au maintien de lordre économique en refusant le concours de son travail à un progrès, dont lutilité ou même lopportunité ne sera pas démontrée. Le Positivisme fournira à ce sujet des principes communs dappréciations et même dentente.
Quant aux opérations industrielles inutiles ou nuisibles, le refus de concours constitue un devoir moral entièrement strict. Nous pourrons ainsi voir surgir des grèves vraiment sociales, tandis que jusquici, même lorsquelles étaient le plus légitimes, elles étaient. toujours altérées par un profond caractère de personnalité.
Mais, pour quun ensemble de pareils devoirs puisse être efficace de la part du public, des chefs ïndutriets et du prolétariat, il est nécessaire que la responsabilité puisse être toujours sérieusement appliquée. Cest pour cela quil faut tendre à diminuer, au lieu de létendre, le principe de lanonymat dont la désastreuse prépondérance supprimerait finalement toute responsabilité personnelle, sans laquelle néanmoins il ne peut y avoir ni dignité, ni ordre moral.
Enfin, on comprendra que la richesse et le travail étant une production de lHumanité tout entière, et sur laquelle reposent son existence et son développement, il faut éviter, autant que possible, les changements surtout brusques, qui sont cause dune immense déperdition de forces. Car, dans ces changements, il y a à la fois perte de matériaux et perte de force mentale et morale, par la nécessité où sont les agents de production dacquérir de nouvelles aptitudes.
Une telle conception doit être généralisée et systématisée, daprès une vue densemble de lordre économique.
Il y a, dans lordre économique, trois fonctions essentielles:
la production, la conservation et la transmission.
Les économistes, comme le public, faute de vues suffisarnment générales de lordre social, attribuent aveuglément à la production une exclusive prépondérance.
Il faut revenir à une plus saine appréciation : la conservation et la transmission influent, pour une part au moins aussi considérable que la production sur lordre économique. Il y a plus, cest surtout à la conservation complétée par la transmission quest due la formation du capital et son graduel accroissement. Cette appréciation de la conservation lui confère sa véritable dignité et explique suffisamment la nécessité de subordonner la production à la conservation.
Nous pouvons, de plus, déduire de cette sommaire analyse le véritable caractère du rôle économique de la femme.
La conservation ayant repris sa véritable place dans lordre économique, la femme nous apparaît alors comme devant jouer, et ayant réellement joué, un rôle immense dans la vie industrielle, sans jamais néanmoins sortir de la famille. La femme a, dans la famille et par suite dans la société, un
fonction essentiellement conservatrice ; elle doit être, suivant une admirable expression. la ménagère, sans jamais être ouvrière. Par une telle position, elle contribuera, comme elle a contribué, dans une immense proportion, à la formation de la richesse humaine. Cette appréciation incontestable, quoique contraire aux grossières conceptions actuelles, nous fait voir en même temps que le Positivisme doit trouver dans les femmes convenablement éclairées un immense appui pour organiser enfin, par la prépondérance de la morale, la subordination du progrès à lordre.
III Conclusion
.Ainsi, en résumé, il faut reconnaître, comme des propositions démontrées, et auxquelles il est de notre devoir de conformer notre conduite :
1) Que lappropriation individuelle de la richesse est la condition nécessaire de toute existence sociale;
2) Que la décomposition du travail en fonctions distinctes est aussi inévitable quindispensable;
3) Que les diverses fonctions, abandonnées à elles-mêmes, sous limpulsion de la responsabilité personnelle de chacun de leurs agents, tendent à former un ordre spontané ou naturel, base nécessaire de toute action modificatrice quelconque.
Mais après avoir constaté, par ces trois propositions, lexistence dun ordre naturel économique, nous avons démontré la nécessité dune modification de cet ordre spontané.
Nous avons, dès lors, établi :
1
) Que, puisque lordre économique se constitue daprès des lois naturelles, nous pouvons, par cela même, et nous devons, par conséquent, lassujettir à un convenable perfectionnement institué par une action systématique dégagée de tout arbitraire;2) Que, pour cela, il faut admettre le principe désormais incontestable que la richesse et le travail sont sociaux dans leurs sources et doivent létre dans leur destination;
3)
personnelles, et que nous devons apprécier les conséquences sociales de notre vie industrielle, de manière à modifier ainsi notre activité et à contribuer à une sage amélioration de lordre naturel;
4) Que nous devons surtout, dans les divers actes de notre vie matérielle, tendre à une fixité suffisante pour éviter les changements et adoucir les inconvénients nécessaires de toute modification lente et opportune.
Ainsi se trouvent établies les lois de lordre naturel économique et les principes dune sage modificabilité.
Sans doute, sur un sujet de si vaste importance, je nai pu présenter que des considérations trop peu développées; mais jaurai atteint le but essentiel que je poursuis sil en résulte le profond sentiment de la nécessité de la stabilité de lordre économique, la vue précise de la supériorité de la conservation sur la production, la conception enfin de la nécessité de toujours subordonner le progrès à lordre.
Puissions-nous arriver enfin à ne considérer tout changement économique quavec cette sage prudence qui doit présider à toute destruction ! Puissions-nous arriver à cette disposition daccueillir avec circonspection les progrès toujours si pompeusement annoncés, de manière à exiger la convenable démonstration que ces progrès sont réels et perfectionnent effectivement lordre existant !
Quand cette transformation, à peine commencée pour quelques intelligences, sera enfin accomplie parmi un grand nombre dhommes, on aura fait immensément pour le bonheur du genre humain; et tout lensemble des conceptions scientifiques que je viens dexposer a pour but datteindre finalement le grand progrès moral.
Pierre LAFFITTE.